Présentation de la reconstitution
La Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova (BBMN), imprimée à Paris en 1738 par le bénédictin de Saint-Maur Bernard de Montfaucon (1655-1741), prétendait rassembler, pour la première fois, « les catalogues des bibliothèques … de toute l’Europe ». Cette somme monumentale, de 1600 pages in-folio, donnait à lire, en effet, 255 catalogues décrivant près de 200 bibliothèques, essentiellement italiennes et françaises.
Cet ensemble très hétérogène de documents (inventaires, catalogues, descriptions de manuscrits, notes, etc.) provient lui-même de sources très variées : notes personnelles de Montfaucon, dépouillement de livres imprimés, remploi, surtout, d’inventaires et de catalogues établis dans les premières décennies de la Congrégation de Saint-Maur et conservés à Saint-Germain-des-Prés.
Si Montfaucon n’a pu achever la préparation de son grand œuvre qu’à l’extrême fin de sa vie, son projet de « catalogue de catalogues » remonte, quant à lui, à ses premiers travaux d’érudition, dans les années 1690-1700, et s’est concrétisé dès avant la fin de l’année 1713, date à laquelle Montfaucon fait plusieurs fois référence à « deux volumes in-folio » qu’il a compilés et dont il se sert pour répondre à certaines requêtes que lui font des érudits de l’Europe entière. Il avait, dès cette époque, fait relier une centaine de catalogues, soit un total de 2430 feuillets, qu’il avait paginés de sa main et entièrement indexés dès la fin de 1713, dans un volume à part (index des Vitae sanctorum, suivi d'un index des auteurs). La plupart de ces documents ont fourni la matière des deux tomes de la BBMN imprimée de 1738.
Mais une fois la BBMN publiée, jugés d’une utilité moindre, ces deux volumes ont été presque entièrement démembrés, et leurs différents catalogues reclassés et remployés pour divers autres projets des bénédictins de Saint-Germain. Aujourd’hui, 800 pages (soit un tiers du total) restent introuvables ; les autres sont toutes conservées au Département des manuscrits de la BnF, mais réparties dans au moins sept recueils appartenant à deux fonds différents, et souvent reliés dans un ordre aléatoire.
L’identification des composantes du recueil, commencée par Pierre Petitmengin en 1998, a été poursuivie par Jérémy Delmulle, en 2014, dans le cadre du « projet Montfaucon » financé par Biblissima. Grâce au visualiseur Mirador, et au travail réalisé par Régis Robineau en octobre 2016, on peut désormais, pour la première fois depuis le XVIIIe siècle, consulter le recueil composé par Montfaucon au début de son projet et multiplier ainsi les comparaisons entre les sources manuscrites du bénédictin et la sélection qu’il en a fait imprimer.